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La Reine Elizabeth II est morte ! Voici sa longue vie retracée avec ses derniers instants …

La reine Elizabeth II est décédée, après soixante-dix ans d'un règne extraordinaire. Sa longue vie retracée avec ses derniers instants en exclusivité sur Merci-Maman ...

La Reine Elizabeth II, vient tout juste de nous quitter en ce jeudi 8 septembre 2022 à l’âge de 96 ans ! Voici ses derniers instants de vie en exclu …

La monarque Elizabeth II, qui a accédé au trône en 1952 à l’âge de 26 ans, est décédée le 8 septembre à l’âge de 96 ans. Souveraine impassible, vénérée par le peuple britannique, chef de l’armée, gouverneur suprême de l’Église anglicane, interlocutrice de quinze premiers ministres britanniques, elle a laissé une empreinte durable sur la monarchie.

C’était en 1991 à Harare, capitale du Zimbabwe, à l’issue d’un sommet du Commonwealth. Lorsqu’Élisabeth II apparaît sous le chapiteau sur la pelouse de la Haute Commission britannique, l’invité se fige. La souveraine est plus petite qu’on ne l’imagine. Sa poignée de main est molle.

Elizabeth II deces

Sa voix est nasillarde, ses fins de phrases presque inaudibles. Cette femme, qui dégage une autorité naturelle, regarde son interlocuteur avec un sourire à peine esquissé. Le dialogue se limite à deux questions banales. Un court silence s’ensuit. La reine disparaît. La monarque excelle dans cette double nécessité de paraître à la fois accessible et inaccessible. Elle est une vraie reine, comme l’avait déclaré, admiratif, le président Mitterrand.

On a toujours eu l’impression d’avoir vu Elisabeth II, décédée le 8 septembre à l’âge de 96 ans, dans un musée de cire, comme chez Madame Tussauds à Londres. Cette page vivante de l’histoire avait été l’interlocutrice de quinze premiers ministres britanniques, de treize présidents américains et de tous les chefs d’État de la Cinquième République. Elle avait parlé à toutes les personnalités politiques de la planète, de Churchill à de Gaulle, de Kennedy à Nehru.

Elle était aussi un symbole. Sous son règne, le Royaume-Uni avait connu toutes les joies du succès et les affres de la défaite, démontrant ainsi qu’une nation prise entre un ancien équilibre déjà rompu et un nouveau qui restait à inventer pouvait, grâce à la monarchie, se refaire.

 

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La vie de la reine Elizabeth II en plusieurs dates

21 avril 1926 Naissance à Londres

10 décembre 1936 Abdication de son oncle Edouard VIII. Le père d’Elizabeth, George VI, monte sur le trône

20 novembre 1947 Mariage avec Philip Mountbatten

14 novembre 1948 Naissance de Charles, prince héritier

15 août 1950 Naissance d’Anne, princesse royale

6 février 1952 Décès du roi George VI

8 février 1952 Elizabeth II est proclamée reine de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, chef du Commonwealth, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre et commandant en chef des forces armées britanniques.

2 juin 1953 Cérémonie du couronnement à l’abbaye de Westminster.

Avril 1957 Première visite officielle en France

19 février 1960 Naissance d’Andrew, duc d’York

Novembre 1963 Les Beatles donnent un concert devant la famille royale. La Reine leur remettra l’Ordre de l’Empire britannique en octobre 1965

10 mars 1964 Naissance d’Edward, comte de Wessex

24 janvier 1965 Décès de Winston Churchill, le premier Premier ministre de la Reine.

1977 Vingt-cinq ans de règne (jubilé d’argent)

29 juillet 1981 Le prince Charles épouse Lady Diana Spencer

21 juin 1982 Naissance du prince héritier William, fils de Charles et Diana

1992 La reine qualifie cette année d' »annus horribilis » après le divorce de deux de ses enfants (Andrew et Anne) et l’incendie d’une partie du château de Windsor.

Décembre 1992 Séparation du prince Charles et de Lady Diana

Mai 1994 Inauguration du tunnel sous la Manche avec François Mitterrand

1996 Divorce du prince Charles et de Lady Diana

31 août 1997 Décès de Lady Diana dans un accident de la circulation à Paris

5 septembre 1997 Discours télévisé de la Reine exprimant son admiration pour Diana

2002 Cinquante ans de règne (Jubilé d’or)

9 février 2002 Décès de Margaret, sœur de la Reine

30 mars 2002 Décès d’Elizabeth, la mère de la Reine

29 avril 2011 Mariage du prince William, duc de Cambridge, petit-fils de la reine, et de Catherine Middleton

Mai 2011 Première visite en Irlande depuis son indépendance en 1922

2012 Soixante ans de règne (jubilé de diamant)

27 juillet 2012 La reine ouvre les Jeux olympiques de Londres.

13 juillet 2016 Nomination de Theresa May en tant que 13e Premier ministre de la reine.

 

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19 mai 2018 Mariage du prince Harry, duc de Sussex, petit-fils de la reine, et de Meghan Markle.

24 juillet 2019 Nomination de Boris Johnson en tant que quatorzième Premier ministre de la reine.

9 avril 2021 Décès du prince Philip, duc d’Édimbourg, époux de la reine.

8 septembre 2022 Décès à 96 ans

Elizabeth II : Courtoise et imperturbable

Monarque le plus photographié et le plus peint au monde, Elizabeth II était aussi un ordinateur vivant. Si elle n’avait pas été reine, murée dans son silence et dans la dignité qui sied non seulement à un chef d’État et d’un Empire, devenu Commonwealth, mais aussi au chef des armées et au gouverneur suprême de l’Église anglicane, quelle mémorialiste elle aurait pu être ! On peut toutefois se demander si cette petite femme timide et peu instruite n’a pas secrètement détesté cette fonction toute sa vie.

Peu embarrassée par les préoccupations littéraires ou artistiques, Elisabeth II est le prototype même de cette landed gentry anglaise vouée au culte des animaux. En dehors de ses visites officielles, elle était toujours entourée de ses corgis adorés, qui faisaient l’objet de soins particuliers. Personne n’a jamais pu lire quoi que ce soit sur ce visage, qui était plein de secrets qu’elle emportait dans sa tombe.

Même à ses rares amis, Elisabeth II ne se dévoilait pratiquement jamais.

C’était toujours la même impassibilité dans les situations les plus dramatiques, la même maîtrise face aux événements éprouvants. L’image la montrant seule, sur une stalle de la chapelle du château de Windsor, vêtue de noir, face au cercueil de son mari le prince Philip, lors de ses funérailles le 17 avril 2021, résume son stoïcisme.

Courtoise et imperturbable, elle n’a jamais sourcillé face aux attaques cruelles de la presse à scandale contre sa famille, notamment lors de la crise provoquée par la mort de la princesse Diana dans un accident de la circulation à Paris le 31 août 1997.

La reine, probablement affectée par la rupture, en 2020, de son petit-fils Harry et de son épouse Meghan Markle avec les Windsor et par les accusations de racisme qu’ils ont portées contre la famille royale – accusations qui ont épargné la souveraine – n’a rien laissé paraître, tentant seulement, par le biais d’une déclaration, d’apaiser les tensions. Elle ne dit rien lorsque son fils Andrew est accusé d’avoir agressé sexuellement une mineure, mais en janvier 2022, elle lui retire ses titres militaires et son parrainage d’associations. Même à ses rares amis, Élisabeth II n’a pas révélé grand-chose.

 

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Lorsqu’elle naît dans l’élégant quartier de Mayfair à Londres le 21 avril 1926, rien ne prédestine Elizabeth Mary Windsor au trône. Elle est le premier enfant du duc et de la duchesse d’York. Le duc est le deuxième fils du roi George V, auquel succède tout naturellement le 20 janvier 1936 le prince de Galles, Édouard. Nièce du futur roi, elle est promise à devenir un membre mineur de la famille royale.

Le cheval, la passion de sa vie

Son enfance est idyllique. Mais le 10 décembre 1936, suite à l’abdication de son oncle, Edouard VIII, son père monte sur le trône sous le nom de George VI. Devenue princesse héritière à l’âge de 10 ans, Elizabeth se retrouve du jour au lendemain sous les feux de la rampe, avec ses parents et sa jeune sœur Margaret.

Très vite, elle apprend les devoirs qui seront les siens. Alors que Margaret se distingue par sa fantaisie, Elizabeth se distingue par son sérieux et sa diligence. Sa gouvernante, la vicomtesse Marie-Antoinette de Bellaigue, lui apprend le français. La princesse, alors âgée de 13 ans, prononce son premier discours officiel dans notre langue à l’occasion de la visite d’État à Londres du président Lebrun en 1939.

Elisabeth n’avait jamais fréquenté d’école. Des tuteurs privés l’ont également initiée à l’allemand, une langue dans laquelle elle a rapidement pu tenir une conversation, mais aussi à l’histoire et aux rudiments des affaires d’État. La princesse apprend à monter à cheval, un sport qui restera sa grande passion, ainsi que les courses et sa propre écurie à ses couleurs. La vie de famille est calme, équilibrée, un peu guindée sous l’effet d’un protocole rigoureux.

Père adoré, George VI est un homme timide, foncièrement bienveillant, mais frappé par un terrible bégaiement. De plus, il est tourmenté par une position qu’il n’a ni recherchée ni désirée. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en septembre 1939, le roi veut envoyer sa femme et ses deux filles au Canada, comme le lui suggère Winston Churchill, le Premier ministre du Royaume-Uni.

 

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Devant le refus de la reine de partir, les princesses séjournent au château de Windsor, à l’extérieur de Londres, plutôt qu’au palais de Buckingham, jugé trop vulnérable. Pour remonter le moral de la nation, « Lilibet », son surnom, la princesse héritière, multiplie les apparitions publiques, en uniforme de grenadier de la Garde ou comme ambulancière alors qu’elle apprend à conduire au camp militaire d’Aldershot. Fin 1944, munie de son permis, Elizabeth, numéro 230873, s’engage dans la réserve de l’armée comme chauffeur de camion. À plusieurs reprises, elle s’est adressée à la radio à ses futurs sujets.

Elizabeth II fut reine à 26 ans

La paix revenue, Elizabeth accompagne ses parents dans leurs déplacements, tant en province que dans le Commonwealth, et prononce ses premiers discours. Son mariage, le 20 novembre 1947, avec un cousin éloigné, Philip Mountbatten, membre de la famille royale grecque et ancien écuyer du roi, est l’un des premiers événements télévisés à être diffusé dans toute l’Europe occidentale.

De ce mariage d’amour apportant le bonheur et l’équilibre nécessaires à l’exercice des fonctions de souverain naîtront quatre enfants : Charles (1948), Anne (1950), Andrew (1960) et Edward (1964). Ils donneront à Elisabeth et Philippe huit petits-enfants. Mais la santé de son père, atteint d’un cancer, épuisé par la lourdeur de la Couronne, vacille.

Au début de 1952, aux côtés de Philip, la princesse effectue une visite officielle au Kenya, première étape d’une tournée qui la mènera dans le sous-continent indien et en Australie. Le 6 février, le roi George VI meurt dans son sommeil au château de Sandringham. Sa fille aînée, alors âgée de 26 ans, lui succède.

À l’aéroport d’Heathrow, le 7 février, les politiciens alignés derrière le chef du gouvernement, Winston Churchill, en pardessus noir, salue une silhouette mince et frêle descendue de la passerelle de l’avion en provenance d’Entebbe. Dans l’enveloppe contenant le document d’adhésion, le Grand Chambellan devait écrire le nom choisi par le nouveau monarque. Elle aurait pu choisir Marie III plutôt que de risquer une éventuelle confusion avec sa mère, la reine Élisabeth. Elle opte pour son prénom.

Elizabeth 2 morte

Le 8 février 1952, à 11 h 15, Elizabeth II est proclamée reine de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, chef du Commonwealth, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre et commandant en chef des forces armées britanniques.

Une nouvelle ère « élisabéthaine »

« Que Dieu m’aide à remplir dignement cette lourde tâche qui m’incombe si tôt dans ma vie », déclare le 40e souverain britannique à régner depuis Guillaume le Conquérant d’une voix un peu criarde mais confiante. Une photo mémorable montre les trois reines ensemble – Elizabeth, sa mère et sa grand-mère Mary – autour du catafalque dans le Westminster Hall, portant de longs voiles noirs.

Avec cette photo, le pays se sent immortel. La jeune reine est un nouveau maillon de la chaîne nationale qui traverse les âges, depuis Egbert de Wessex jusqu’au Saxe-Cobourg-Gotha rebaptisé Windsor. Seize mois plus tard, elle est couronnée dans l’abbaye de Westminster, une cérémonie qui sera l’une des premières célébrations cathodiques depuis l’avènement de la télévision.

Winston Churchill a parlé du début d’une nouvelle ère « élisabéthaine« , en mémoire d’Elizabeth I (1558-1603), qui avait hérité d’un royaume désuni et faible et laissé une nation riche et redoutée. Au début de son règne, on pouvait encore se faire des illusions sur la force d’Albion.

Cette année-là, la Grande-Bretagne était devenue une puissance nucléaire. Mais le pays était économiquement épuisé par la victoire chèrement acquise sur le nazisme, la livre baissait, le produit intérieur brut diminuait, les conflits sociaux se multipliaient et l’Empire craquait de toutes parts sous les effets de la décolonisation.

Elizabeth II s’appuie sur les mêmes piliers que la reine Victoria : le palais, l’armée, la religion et la noblesse.

Dans les années qui suivent son couronnement, cette jeune femme apparemment effacée jouit d’un prestige personnel que personne n’attendait.

Il ne fait aucun doute que pour exercer cette fonction, la reine possède un trait de caractère indispensable, que certains appellent la détermination, d’autres l’autorité. Si elle n’a ni l’ironie mordante ni le chignon sévère de la reine Victoria (1837-1901), son arrière-arrière-grand-mère qui monta sur le trône à l’âge de 17 ans, le profil est le même, celui de la maîtrise de soi avec une froideur d’esprit.

Avec une redoutable habileté, elle déjoue les manœuvres de son oncle, Lord Mountbatten, visant à rétablir la lignée éponyme remplacée par Windsor en 1917 en raison des sentiments antigermaniques entretenus par la population pendant la Première Guerre mondiale. Elle refuse alors à Philip le titre de consort et marginalise sa mère, dont l’influence reste grande au sein de la vieille garde du palais.

En 1955, elle oppose son veto au projet de mariage de sa sœur Margaret avec Peter Townsend, le chef adjoint de la maison royale. De vingt ans son aîné, il est également divorcé, ce qui le rend inacceptable pour l’Église d’Angleterre. Peu à peu, les courtisans nommés sous le règne précédent sont remplacés par des personnalités moins conservatrices, bien qu’issues du même moule, descendants de grandes familles et militaires de carrière. Elle s’appuie sur les mêmes piliers que la reine Victoria : le palais, l’armée, la religion et la noblesse.

Elizabeth 2

Le glamour de Lady Diana

En 1981, Elizabeth II donne son accord à l’union de son fils aîné avec Lady Diana, ce qui apporte à la monarchie britannique le glamour qui lui manquait. Mais lorsque les scandales entourant le couple princier menacent de déstabiliser la dynastie, la reine s’oppose fermement à son ex-bru, après son divorce en 1996. La souveraine est une femme traditionnelle. Longtemps, les divorcés ont été bannis de sa cour, comble de l’hypocrisie au vu des frasques matrimoniales de sa sœur et de trois de ses enfants.

Le recrutement des membres de la maison royale était entaché de sexisme. La reine, en effet, préférait travailler avec des hommes. Colonel en chef de centaines de régiments, la reine est étroitement associée aux forces armées, avec lesquelles elle partage un sens de la hiérarchie, mais elle n’a jamais eu d’écuyer. Il faudra attendre les années 1990 et une campagne du prince Charles pour que les Antillais puissent rejoindre les régiments de grenadiers de sa garde.

Sur le plan politique, la reine a toujours eu pour scrupule de ne pas s’immiscer dans les affaires du gouvernement en faisant connaître sa position. Personne n’a jamais su ce qu’Elizabeth II pense du Brexit. Il n’était pas question que la monarque mélange ses convictions personnelles avec les devoirs de sa charge. Elle n’avait jamais accordé d’interviews aux médias. Le ton de son message de Noël, le seul discours qu’elle écrit sans contreseing ministériel, a toujours été consensuel. Rien n’a jamais transpiré sur le contenu de l’audience privée hebdomadaire entre le chef de l’Etat et les locataires du 10 Downing Street.

Elizabeth II : L’incarnation du sacré

Selon la formule officielle, la Reine est autorisée à « donner des avertissements, des encouragements et des conseils« . Le souverain incarne le sacré sans détenir les leviers du pouvoir, offrant à la démocratie un équilibre sans pareil. S’il dispose des dossiers les plus secrets dans ses fameuses boîtes rouges et d’un « conseil privé » composé des plus hautes personnalités du royaume, le chef de l’État joue en pratique le rôle de notaire contresignant les décisions prises par d’autres. Par exemple, le « discours du Trône » qu’elle prononce chaque année est rédigé par son gouvernement.

Elizabeth II morte

Malgré ces limites à son action, Élisabeth II n’est pas un chef d’État fantoche. La Reine doit d’abord nommer le Premier ministre. Le système électoral majoritaire à un tour lui a certainement facilité la tâche en lui assurant une majorité à la Chambre des communes. Confrontée à un parlement sans majorité en 1974, elle a choisi le travailliste Harold Wilson, son Premier ministre préféré, qui, selon elle, était mieux à même de former un cabinet soutenu par les libéraux que le conservateur Edward Heath. Même Margaret Thatcher, qui n’en faisait qu’à sa tête, reconnaissait l’intérêt d’avoir quelqu’un qui connaissait les affaires du royaume mais qui était au-dessus de la mêlée politique.

Une sensibilité centriste

Les témoignages des dignitaires, tant britanniques qu’étrangers, font apparaître le profil d’un monarque peu intéressé par les joutes parlementaires de Westminster. Elizabeth II était un homme de droite modéré. Son antipathie pour l’autoritaire Margaret Thatcher, les rumeurs de son inquiétude face à la détérioration du tissu social sous les Tories entre 1979 et 1997 et les risques d’éclatement du Commonwealth sur la question des sanctions contre l’Afrique du Sud de l’apartheid indiquent une sensibilité centriste. D’où sa bonne entente avec les premiers ministres conservateurs de la vieille école, notamment son mentor, Winston Churchill, le grand bourgeois Harold Macmillan et Anthony Eden ou l’aristocrate Lord Home.

Ses relations avec les dirigeants de droite et de la classe ouvrière, comme Edward Heath, Margaret Thatcher et John Major, ont été plus difficiles, car leur activisme, que ce soit sur les privatisations ou l’Europe, a nui à l’unité du pays. Comme il n’y a pas plus monarchiste qu’un leader travailliste, ses relations avec Harold Wilson, James Callaghan et Tony Blair avaient été marquées par une grande cordialité.

Pour l’essentiel, les interventions personnelles de cet anglican profondément religieux se sont limitées aux nominations des évêques du Palais. Pour faire connaître publiquement son point de vue, elle n’avait toutefois pas hésité à faire appel à d’autres membres de la famille royale (le duc d’Édimbourg ou le prince Charles), qui n’avaient jamais hésité à critiquer ouvertement la politique du gouvernement.

Une démarche fédératrice

Sa deuxième réalisation a été d’unifier les divers peuples du royaume. Le chef de l’État est le garant de l’unité de la nation face à la multiplication des forces centrifuges aux frontières du pays, notamment en Écosse.

Reine Elizabeth II morte

Enfin, malgré l’adhésion du Royaume-Uni au Marché commun en 1973, devenu l’Union européenne, la reine parvient à maintenir le lien avec le Commonwealth, la grande famille d’outre-mer pour laquelle elle a une affection particulière. Son autorité morale à la tête de cette association d’anciennes colonies lui avait permis de désamorcer trois crises constitutionnelles : Australie (1975), Grenade (1983) et Fidji (1987).

La Reine Elizabeth II connaissait personnellement tous les chefs d’État du Commonwealth et de nombreux autres pays. Elle a été la première souveraine britannique à poser le pied en Russie (1994) et en Chine (1986). En mai 2011, la souveraine avait effectué l’un de ses voyages officiels les plus délicats, une visite d’État en République d’Irlande qui fut un triomphe, malgré les blessures des deux côtés d’une guerre civile de trente ans en Ulster toujours sous l’égide de la Couronne d’Angleterre.

Cédant aux pressions de son mari puis du prince Charles, Elizabeth II accepte progressivement de donner au public une image moins solennelle de la monarchie.

Enfin, la monarque se considère comme le chef du « cabinet royal », comme son père avait appelé la Maison royale de Windsor. A elle, les grandes affaires du royaume, à d’autres un créneau particulier : l’écologie et les minorités raciales (Charles), le sport (Philip), la santé (Anne), le commerce extérieur (Andrew)…

Cédant aux pressions de son mari d’abord, puis du prince Charles, Elizabeth II avait progressivement accepté de donner au public une image moins solennelle de la monarchie. Le célèbre reportage de la BBC, diffusé en 1969, montrant la Reine et sa famille cuisinant des saucisses lors d’un pique-nique en Ecosse avait ouvert la voie à la médiatisation.

Après l’annus horribilis de 1992, lorsque la relation de Charles et Andrew a éclaté et que sa résidence préférée, le château de Windsor, a brûlé, elle a intensifié ses contacts avec ses sujets en sortant des sentiers battus du protocole : visite d’un pub, d’un McDonald’s, d’une maison communale, gel de la liste royale pendant une décennie, utilisation d’avions charter pour les voyages, vente du yacht Britannia. La plupart des anciennes barrières ont été brisées.

Toujours réservée, souvent distante

Elizabeth II n’était pourtant pas du genre à inviter des éboueurs à sa table, ni même à faire ses courses à vélo. Peu de Britanniques souhaiteraient une telle popularisation d’une institution qui a traversé les siècles, et qui est donc immuable. Comme le disait l’essayiste Walter Bagehot (1826-1877), « On peut avoir une cour splendide ou pas de cour du tout, mais rien ne peut justifier une cour médiocre ».

Elizabeth morte

Il faudra attendre le démantèlement du yacht « Britannia » en décembre 1997 pour qu’elle verse quelques larmes en public.

Destinée à monter sur le trône très jeune, Elizabeth II a toujours été réservée et souvent distante. Ce n’est que lors du démantèlement du yacht Britannia, en décembre 1997, qu’elle verse quelques larmes en public. Deux mois plus tôt, à la mort de Diana, elle avait été incapable de montrer la moindre émotion alors que le pays était en larmes.

Certains, à gauche, ont critiqué le coût de la monarchie, mettant en cause ses châteaux, ses écuries et sa fortune personnelle. Sa personnalité rétrograde, vénérant les coutumes établies et se méfiant du changement, était contestée dans les milieux républicains, bien qu’elle fût minoritaire. Les coutumes désuètes de la cour étaient souvent critiquées par les chroniqueurs royaux.

Elizabeth II

Alors qu’elle avait toujours cultivé les bonnes vieilles valeurs de caste et qu’elle était très attachée aux fastes de la royauté, Élisabeth II avait fait de nombreuses concessions à l’ère moderne.

L’allègement du protocole lors du mariage de son petit-fils, le prince William, avec une roturière, Catherine Middleton, le 29 avril 2011, sa présence au concert de rock de Buckingham Palace lors de son jubilé de diamant en juin 2012 et son apparition dans un court-métrage aux côtés de Daniel Craig, l’interprète de James Bond, diffusé lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques le 28 juillet 2012, témoignaient de sa formidable capacité d’adaptation.

Personne n’a jamais mis en doute le sens du devoir, la bonne volonté et le professionnalisme d’Élisabeth II. Avec sa dignité tranquille, son dévouement total à sa fonction et l’intelligence de son rôle, cette souveraine, aristocrate de naissance mais petite bourgeoise par goût, avait réussi à ancrer plus solidement que jamais l’une des institutions les plus anachroniques du monde : la monarchie britannique.